Thursday, September 29, 2011

Au pays de Heidi

Lundi 26 septembre :
Tel Hannibal sur son éléphant, je m'attaque aux Alpes, dernière barrière de montagnes avant la Belgique et pour faire bonne mesure j'y ai rajoute le Tyrol et les Dolomites.
Une fois passé la Slovénie, je suis arrivé en Europe, la vraie, l'originale, celle des 12. En Italie, n'en déplaise a Nino Ferrer, on ne dirait pas le Sud et ça ne ressemble pas a l'Italie. Je joue a saute-mouton avec la frontière austro-italienne aux rythme des cols qui s'enchainent et se déchainent. Je ne connaissais du Tyrol que ce qu'en montraient les comédies érotiques que diffusait RTL Plus dans mon adolescence (Ne rigolez pas, vous avez tous regardé au-moins une fois en cachette de vos parents ou de votre femme). Point de femmes courant nues de grange en grange, mais ce que je découvre me laisse sans voix. Une véritable caricature. Heidi descend en vélo de chez son grand-père, il n'y a pas encore de neige pour utiliser son traineau. Des petits vieux boivent des grandes chopes de bière en chapeau tyrolien. Je serais venu 1 mois plus tôt, je suis sur qu'ils étaient en culotte de peau. Les prairies sont manucurées comme des terrains de golf. Je n'ose même pas balancer des crottes de nez par la fenêtre. Le décor n'a pas du changer en un siècle. Je ne suis pas sur qu'on leur ait déjà annonce la fin de la guerre de 1870 et de l'Empire. Et je ne sais pas ce qu'on leur a raconte pour les faire passer a l'Euro. Les chalets centenaires ont l'air d'avoir été construits avant-hier. Ils doivent avoir un code d'urbanisme aussi épais que le code fiscal belge. Et le pire c'est que je suis sûr qu'il aiment ça, qu'ils ne le font pas juste pour les touristes.
Avec mon pot d’échappement en fin de vie (il est temps que j'arrive), je passe pour un terroriste. Je suis obligé d'enlever mon chapeau pour montrer que je suis un bon Aryen (a rien ?). Si je n’étais pas né blanc, ils appelleraient la maréchaussée, c'est sûr. On fusille les gens pour moins que ça ici. Et les touristes, on les accepte pour l'argent qu'ils dépensent et qui vient compléter le produit de la traite des vaches, mais si on pouvait s'en passer on ne s'en porterait pas plus mal.

Du cote des macaronis, des brins d'herbe dépassent des fossés, c'est d'un négligé. Des "pension Heidi" et des "pizzeria Hans" continuent à jalonner le chemin, on croit rêver. Ca doit être explosif le croisement de la nonchalance italienne et de la rigueur teutonne. Je ne sais pas comment ils gèrent ce conflit identitaire mais ça doit leur couter un pont en psychanalyse.

A midi, je fais en Autriche ce qui se rapproche le plus de ma première expérience gastronomique en 2 mois. Vous m'auriez dit ça il y a un an je vous aurais ri au nez.
En fin de journée, en redescendant une vallée encaissée qui ne voit le soleil que de 12h24 a 12h27, je peux montrer de près de la neige a Marcel a 1100m d'altitude. Mais ce couillon n'a même pas ose descendre de voiture. Quand je m’arrête, la nuit est déjà tombée et je ne n'ai pas vu que je me suis arrêté dans un champ de foin fraichement fauché et non récolté. J'ai intérêt à décamper en catimini dès potron-minet si je ne veux pas être passé par les armes.

Et ben en voila un récit frappé au coin du lieu commun et du stéréotype à l'emporte-pièce. Mais après 350km de col ça repose et ça ne mange pas de pain. 2 jours que j'essaye d'atteindre le Lienchtenstein. Quelqu'un a dit un jour que le chemin le plus court entre 2 points était la ligne droite, mai ce n'est certainement pas le plus rapide.

Blague à part, le Tyrol est superbe sous le soleil de cet été indien, avec la végétation qui commence à prendre son pelage d'automne. Les routes sont un vrai paradis pour motards.
Seule ombre au tableau depuis mon arrivée dans la "vraie Europe", plus personne ne répond a mes signes de la main, a part les autres landistes et encore.

Et ce n'est plus la voiture qui intrigue les pompistes mais mes palmes accrochées sur le toit.
Quand je vois leur air joyeux de mec qui voudrait bien acheter des dragées fuca quand toutes les pharmacies sont fermées, je ne prends même pas la peine de leur expliquer que la veille je me baignais encore dans l'Adriatique, après avoir quitte mon père et son camarade Michel qui faisaient la cote Dalmate en moto.

Promis, dans le prochain post, je fais de phrases de 5 mots maximum. Retour aux bases, sujet-verbe-complément.

- Posted using BlogPress from my iPhone